Rocio Pasalodos, le pouvoir pour les femmes par les femmes

Publié le par Anaïs Kabongo

Rocio Pasalodos dans une de ses créations.
Rocio Pasalodos dans une de ses créations.

Un mélange d’art et de mode, un brin de révolution et beaucoup d’humanisme. Une véritable artiste autodidacte qui bouleverse les codes et mène un combat sur la prise de l’image des femmes par les femmes à travers son ASBL Divers’gentes.

Mais comment tout cela a-t-il commencé ?

Rocio nous explique que cette aventure a commencé à cause, ou plutôt grâce à un simple patron standard.

Le patron enseigné dans les écoles de couture est construit sur base d’une technique datant des années 60. Or entre ces années-là et maintenant, les conditions de vie ne sont plus les mêmes ; l’industrie alimentaire a évolué et le corps de l’homme et de la femme a changé. Les patrons classiques ne correspondent désormais plus aux silhouettes actuelles ; ils sont souvent basés sur une taille 36, 38. C’est pour cette raison que l’industrie de la mode est souvent amenée à prendre des femmes filiformes comme mannequins et non des femmes pulpeuses. Celles de taille 42 ou plus ont donc davantage de difficultés à s’habiller. Beaucoup d’entre elles en sont complexées et se disent que « si c’est ça le monde normal, c’est moi qui ne le suis pas », or c’est faux ! Les techniques d’agrandissement ne sont plus du tout réalistes. Et c’est là que Rocio décide de ne plus utiliser les techniques des tailles standard mais plutôt le sur-mesure. Elle change alors son fusil d’épaule.

Rocio nous raconte qu’une très jolie jeune femme de taille 48 voulait lui acheter une robe, mais que celle-ci était en taille 40. Elle devait alors l’agrandir mais se rendit compte qu’avec le patron d’école, même en l’élargissant, la robe ne conviendrait pas au corps de la jeune fille. Elle devait donc casser les codes classiques du patron pour l’ajuster à la réalité morphologique actuelle. Et de fil en aiguille, de plus en plus de femmes venaient s’habiller chez elle. Des femmes à faible ou forte corpulence, des femmes complexées car elles n’étaient pas dans la norme imposée, et même des femmes envoyées par leur psychologue pour se réconcilier avec leur corps (ce qui l’embêtait fortement car les patientes devenaient alors des clientes).

Au fil du temps, Rocio mène un combat de taille. Elle se rend compte que toutes les femmes n’ont pas forcément les moyens de se payer du sur-mesure. Elle décide alors de faire du prêt-à-porter. Elle réalise aussi que les étudiants sortant des écoles ne pouvaient créer que pour des femmes ayant une taille de 34 à 40 au maximum. Au-delà de cette taille, la femme était inexistante dans ce qu’ils apprenaient. Pour Rocio, la première lacune venait de l’enseignement. Son combat commence donc par l’éducation, car comment changer les choses dans la société si déjà l’enseignement n’évolue pas avec la réalité ?

Les personnalités du métier qu’elle a interrogées lui ont informé que les vêtements de taille 36, 38 ne pouvaient être adaptés aux tailles 42, 44, voire plus ; techniquement, il n’était pas possible de les ajuster. Alors, les professionnels coupent d’autres modèles qui ressemblent à « des sacs ». Il y a donc une discrimination de la femme hors norme. Rocio qui avait changé ces patrons standards n’adhère pas à cette théorie, même si elle est vraie, si l’on se base sur les codes de l’école. Suite à cela, elle recrute des mannequins, toutes origines et tailles confondues, pour des séances photos et défilés, car c’est le vêtement qui doit être au service de la femme et non l’inverse. Elle veut remettre la femme à l’honneur au lieu du vêtement. Ce dernier redevient ainsi l’accessoire de la femme.

Rocio qui n’est ni une entreprise ni une industrie, met en avant un problème sociétal majeur et décide de bouleverser la vision des choses en créant l’ASBL « Divers’gentes ». Elle s’est rendue compte que les femmes, qu’elles soient militantes, entrepreneuses, employées ou autres, acceptent inconsciemment les normes imposées par la société. Il y a progressivement eu une prise de pouvoir de la femme sur la société, mais elle n’avait toujours pas le pouvoir de son image. À quoi servent l’émancipation et la liberté de la femme si elle est privée du pouvoir sur elle-même ?

Un beau jour, elle lance un message aux femmes sur internet : « Il est temps de prendre le pouvoir de notre image ». Elle leur donne ainsi rendez-vous dans une villa située à Rhode-Saint-Genèse. Malgré les fortes intempéries, elle reçoit d’incessants coups de fil de femmes inconnues pour discuter de ce problème sociétal dans la villa. Les échanges se portent alors sur les différentes stratégies à adopter et mettent à l’honneur les campagnes publicitaires, l’image de la mode et les défilés, car c’est l’image médiatique véhiculée qu’il faut modifier. Suite à ces conversations, Rocio prend des dispositions en commençant à analyser quels sont les besoins pour rendre possible ce changement au niveau des médias : Il faut des coiffeurs, des maquilleurs, des photographes, des journalistes, des politiciens, des économistes.

Un jour une femme rentre dans sa boutique et Rocio lui explique son concept. Cette femme lui offre sa carte en lui disant qu’elle pourrait l’aider dans son combat. De là, elles prennent rendez-vous et Rocio se rend compte que c’est la présidente administrative de l’ONU. Elle accepte le projet car la norme imposée sur l’image de la femme par la société est une forme de discrimination. De cette rencontre, elle organise des défilés plus qu’originaux dans plusieurs communes à l’aide de maquilleurs, de chorégraphes et même de jeunes créateurs à qui elle apprend à briser les codes des écoles de stylisme. Elle enseigne aussi le mannequinat à des femmes de toutes sortes de corpulence qui voudraient défiler pour elle.

Le public des défilés contient des personnes de hautes fonctions telles que le Secrétaire Général de l’ONU, des diplomates, des échevins, des dignitaires de la noblesse… En véritable artiste, pour marquer le coup, Rocio décide de changer le défilé 30 minutes avant le lancement en imposant en premier une femme blanche et une femme noire dont la première porte le voile. Cela crée presque un scandale face à l’ONU et au corps politique, car ceux-ci luttent contre le port du voile. En plein défilé, elle l’enlève et le transforme en une jupe qu’elle noue autour de la taille de la seconde devant des spectateurs médusés. Ils ne savent pas s’ils doivent applaudir ou pas. Finalement, la polémique est ainsi évitée sous un tonnerre d’applaudissements et le défilé fait plus que sensation. Ce défilé mythique restera dans les annales.

À la fin d’un des défilés, les mannequins sortent des phrases sur la discrimination faite aux femmes en s’adressant aux politiques. Rocio décide de reprendre ces phrases pour finalement en faire une chanson. C’est la célèbre chanteuse qui à ses débuts honore le texte de Rocio.

Rocio casse les codes de la politique de l'ONU en imposant 30 minutes avant le défilé, le voile une femme ce qui crée presque un scandale aux yeux des représentants de l’ONU. Ensuite, une autre femme le lui enlève et la transforme se voile en jupe. Spectateurs bouche bée ne savent pas s’ils doivent applaudir ou pas. Finalement, la polémique est évitée et le défilé fait plus que sensation. Cela restera dans les annales.

La boutique de Rocio Pasalodos

La boutique de Rocio Pasalodos

Passage 1 - La danse d'ouverture du défilé de l'ASBL Divers'Gentes du 29 novembre 2011 aux Halles Saint Géry, Bruxelles " Mon corps change et vos vêtements " par Pour elles...Par elles Présenté par Rocio Pasalodos

Le célèbre manteau Judoka de Rocio PasalodosLe célèbre manteau Judoka de Rocio Pasalodos

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Différentes créations de Rocio Pasalodos
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